l'Actualité du Solaire

   Dans les bâtiments tertiaires, les façades représentent le dernier territoire restant à conquérir pour le photovoltaïque. L’idée est simple. Pour concevoir et construire des bâtiments Bepos (Bâtiment à Energie Positive), il faudra produire de l’énergie sur site.

Un bâtiment Bepos est tellement bien isolé que ses besoins de chauffage sont très faibles, mais que des besoins de rafraîchissement apparaissent.

   Les deux solutions les plus efficaces et les plus simples pour produire de l’énergie sur site sont donc le solaire thermique pour les bâtiments à fort besoin d’eau chaude sanitaire (ECS) et le solaire photovoltaïque pour tous les bâtiments

   Dans un immeuble de bureaux – faibles besoins de chauffage, très faibles besoins d’ECS, fortes consommations d’électricité pour tous les autres usages -, la surface disponible en toiture ne permettra pas d’installer suffisamment de panneaux pour produire assez d’électricité photovoltaïque pour rendre le bâtiment Bepos, même le moins gourmand des bâtiments neufs.

   Il faut donc utiliser aussi la façade, même si l’orientation des panneaux n’est pas idéale dans cette configuration et réduit leur rendement (un logiciel permet de concevoir des façades photovoltaïques de n'importe quelle forme et couleurs). Les architectes ne sont pas encore très familiers avec les possibilités du photovoltaïque en façade. Le projet européen SmartFlex se propose de les aider et constitue le chaînon manquant entre les fabricants de panneaux photovoltaïques et les architectes. Ainsi, les panneaux deviennent une partie intégrale du clos-couvert dès la conception. Les partenaires du projet SmartFlex sont à la fois des industriels – Glassbel pour le verre, Via Solis pour la fabrication de modules PV, Mondragon Assembly le spécialiste de l’équipement des usines PV -, des instituts de recherche – Photovoltaik-Institut Berlin, SUPSI le centre de compétence suisse pour le BIPV (Building-Integrated PV ou PV intégré au bâti – et Creative Amadeo, un éditeur de logiciels CAD.

   Ceci a conduit à créer un bâtiment test, celui du verrier Glassbel situé en Lituanie (Un immeuble à façade photovoltaïque)

   Deux façades du siège social du verrier Glassbel, situé à Klaipeda en Lithuanie, ont été utilisées pour tester une installation PV de 15 kWc de puissance nominale. La surface totale des deux façades, orientée sud-est et sud-ouest, atteint 600 m².

    L’installation se compose de 75 panneaux, de 15 types différents et de dimensions diverses : jusqu’à 1,7 x 3,6 m pour une puissance nominale de 274 Wc. Plusieurs solutions de fixation des modules ont été utilisées pour tester leur fiabilité : verre structurel, verre collé, percement et fixation à une ossature, etc... Chaque module est équipé d’un onduleur string de l’américain Enphase Energy.

   Ceci permet d’isoler et d’observer précisément le fonctionnement de chacun des 75 modules individuellement. L’installation a été raccordée et mise en service en novembre 2016. Le but est de développer une solution combinant logiciel et outil industriel, capable de concevoir très librement et de personnaliser des façades PV, tout en les produisant de manière industrielle.

   L’outillage mis au point par Mondragon Assembly est capable de produire des modules de dimensions maximales de 1,7 x 3,5 m, d’une épaisseur minimale de 4,8 mm, atteignant jusqu’à 345 Wc en puissance nominale et d’une durée de vie de 35 ans grâce à leur structure bi-verre (verre/couche photovoltaïque/verre).

   Les façades sont en fonctionnement depuis 6 mois. Le 16 mai dernier, le Photovoltaik-Institut de Berlin (PI Berlin), chargé de l’analyse et du retour d’expérience a rendu ses premières conclusions. L’installation a produit jusqu’à 800 kWh d’électricité par an et par kWc installé en façade, soit une production annuelle de 12.000 kWh. Le responsable de la R&D chez Glassbel, chiffre le coût de cette double façade PV à 550 € HT/m², contre 880 € HT/m² pour une double façade de verre classique.