L R AS Publié le dimanche 11 février 2024 - n° 475 - Catégories : Regard sur le PV

Regard sur un danger potentiel

La persistance du conflit entre Israël et les Palestiniens a réveillé le monde arabe et incité l’Iran à lancer les rebelles Houthis à l’assaut de la mer Rouge. Même si ces coups de main ne sont pas très importants, ils sont spectaculaires et incitent les responsables de navires chargés d’hydrocarbures à contourner l’Afrique. Ceci augmente les coûts et laisse planer une menace de généralisation, et donc une perturbation plus grave du commerce mondial dont on avait eu un avant-goût avec la perturbation des approvisionnements chinois lors du Covid

Une des principales victimes devrait être le photovoltaïque sous la contagion de trois facteurs : les coûts majorés de livraison, les achats précipités des développeurs qui jouaient jusqu’à présent sur la baisse continue du prix des panneaux, les approvisionnements des gestionnaires de projets qui acquièrent des panneaux pour la saison 2024. La tendance va se retourner après le Nouvel An chinois.

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résumé

La mer Rouge : le conflit entre Israël et les palestiniens a focalisé l’attention internationale sur cette guerre et a fait oublier les rebelles Houthis le long du Yémen

Les conséquences pour l’économie européenne sont importantes : les coups de main Houthis incitent les navires chargés d’hydrocarbures à prendre une voie plus sûre en contournant l’Afrique ce qui entraine des surcoûts. De même, le rallongement du transport entre l’Asie et l’Europe aura des conséquences sur les livraisons de composants d’un grand nombre d’industries.

Le retournement de tendance sur les prix des panneaux est probable : le prix des panneaux va inclure les surcoûts de transport, inciter les développeurs attentistes à passer commandes au moment où la demande saisonnière va se manifester. Il faut s’attendre à une remontée des prix photovoltaïques à brève échéance.

La succession d’événements fait craindre que des décisions erronées n’aient été prises : les événements se succèdent depuis 2020 (covid, approvisionnements asiatiques, hausse des prix de l’énergie, désormais perturbations dans les approvisionnements). Les dirigeants ont été obligés d’agir dans l’urgence, ce qui ne produit jamais une bonne politique.

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Le texte

Les observateurs sont attirés par la guerre Hamas-Israël dans la bande de Gaza. Tout tourne autour de ce conflit qui en est à son cinquième mois de guerre sans que la victoire n’apparaisse vraiment. Ce conflit fait oublier l’émergence d’une autre source de conflit bien plus dangereux pour l’économie mondiale, pour l’avenir du monde. L’Iran cherche à déstabiliser la mer Rouge en envoyant des bandes armées attaquer les navires dans cette zone indispensable pour l’approvisionnement de l’Europe, et aussi parce que la Chine a pris une place considérable dans les fournitures industrielles mais aussi photovoltaïques

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La mer Rouge,

En 2022, 22.000 navires sont passés par ce défilé qu’il est facile de perturber. Les navires chargés de pétrole ou de gaz du fait de leur cargaison préfèrent déjà passer par le sud de l’Afrique (le cap de Bon Espérance). Selon Reuters, le trajet entre les principaux ports asiatiques et Rotterdam s’étend sur 8.500 miles marins alors que le contournement de l’Afrique s’étend sur 11.800 miles marins. Le temps de transport passe de 26 jours par le canal de Suez, à 36 jours par le contournement.

Si on se limite à la route maritime entre l’Arabie Saoudite vers l’Europe, le temps de transport passe de 19 jours par Suez, à 34 jours par le Cap, alors que les gros navires transporteurs consomment 30.000 à 35.000 $ de carburant par jour. Le supplément de prix atteint le demi-million de dollars. Il faudrait pouvoir rapprocher ce supplément du prix de la cargaison

L’Iran teste la capacité de nuisance de ces bandes d’houthistes sur cette voie maritime.

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Les conséquences pour l’économie européenne sont importantes

Les conséquences pour l’économie européenne sont importantes car le renchérissement du transport se retrouvera dans les carburants et donc dans une hausse de prix qui avait commencé à décélérer. Le temps de transport se répercutera dans l’achèvement de produits finis et dans la livraison de composants indispensables comme on avait pu le constater lors la pandémie de Covid qui avait entravé nombre d’industriels appartenant à de nombreux secteurs différents. Ceci se retrouvera dans les approvisionnements des différentes industries qui comptent sur les approvisionnements de Chine pour achever leur produit

Comme la Chine fournit entre 80 et 95 % des panneaux mondiaux, il y a un renchérissement des coûts de livraison et une augmentation du temps de transport, il y a un risque d’une remontée des prix des panneaux à partir de la fin des vacances du Nouvel an chinois qui coïncide d’ailleurs avec les commandes saisonnières européennes ou américaines pour les installations d’été.

Le risque d’une remontée des prix est d’autant plus probable que l’abondance des productions PV chinoises au 4ème trimestre avait eu lieu dans une période saisonnière de baisse de la demande.

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Le retournement de tendance sur les prix des panneaux est probable

Tant que les prix baissaient, les développeurs avaient intérêt attendre pour passer commandes puisque toute semaine d’attente supplémentaire permettait de gagner quelque pour cent du prix. Le retournement saisonnier d’une demande plus forte, de la précipitation des développeurs à passer commandes pour éviter la hausse qui se profile et la pression des industriels chinois pour passer des hausses de prix liés aux événements de la mer Rouge, font craindre une remontée de prix. Elle ne sera probablement pas très importante car la filière est encore dominée par les programmes massifs d’installations de capacités de production et donc par une surproduction temporaire.

Pour le moment, on ne peut pas encore envisager une grave crise internationale caractérisée par une flambée du prix des hydrocarbures. L’Iran teste sa capacité de nuisance et n’a pas décidé d’entrer en guerre contre Israël, ni même d’ouvrir un second front d’hostilité au Liban avec le Hesbolah ; car les rebelles Houthistes ne sont pas très nombreux ; parce que les navires marchands peuvent être escortés par des navires de guerre américains ou britanniques.

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La succession d’événements fait craindre que des décisions erronées n’aient été prises

Seulement, les événements se succèdent (covid, hausse exceptionnelle des hydrocarbures, guerre en Ukraine, endettement massif de l’Union européenne) qui ne laissent pas de répit aux gouvernements européens pour prendre des décisions réfléchies et mûries, pour élaborer des stratégies à long terme, pour sélectionner les secteurs à privilégier.

Souvent lorsqu’il y a une telle succession d’événements contraires, ce manque de temps et d’examen de l’avenir fait faire des erreurs d’appréciation et fait prendre de mauvais choix, que les peuples paient très cher dans l’avenir. L’histoire récente de l’Europe fait craindre que des décisions erronées ne se soient déjà produits.

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