L R AS Published on Saturday 6 January 2018 - n° 216 - Categories:divers PV, couches minces

Entretien avec Mark Widmar, PDG de First Solar, réalisée par PV Magazine

Entretien avec Mark Widmar, PDG de First Solar, réalisée par PV Magazine

Lors de la présentation aux analystes financiers, First Solar a indiqué qu'elle produirait des panneaux de la série 4 jusqu'en 2020, alors que la série 6 monte en cadence. La répartition de la production entre les deux types de panneaux est difficile car

les acheteurs procèdent en ce moment de façon inverse au processus normal : habituellement, un projet se construit à partir d’un contrat d'achat d’électricité et du recrutement d’un constructeur; les travaux sont alors entamés, puis les panneaux sont commandés. Actuellement, les clients achètent des panneaux sans même avoir de projets à réaliser. First Solar doit donc privilégier ses propres projets lorsque les contrats sont déjà signés ou lorsque la société est présélectionnée. Il y a actuellement une demande énorme de panneaux aux Etats-Unis, ce qui peut obliger First Solar à négliger les ventes à l’international.

Ceci pourrait conduire certains clients à ne pas recevoir en temps opportun les panneaux dont ils ont besoin. Tout dépendra de la façon dont l'affaire de la plainte de Suniva (affaire 201) sera dénouée, mais aussi de la façon dont le dumping chinois en Inde sera traité. S'il y a un succès de la plainte de Suniva et des restrictions dans les importations en Inde, les marchés internationaux auront un large approvisionnement. Si rien ne se passe comme cela, la disponibilité des panneaux sera très limitée.

First Solar a pris position dans l'affaire 201, car elle était prise comme exemple de ce qu'auraient dû faire Suniva et SolarWorld. La société a voulu rappeler qu’elle avait été touchée par la poussée des importations. La flambée des importations a nui à la fabrication aux Etats-Unis, c’est incontestable. Si le tarif douanier est modéré, il n'y aura aucun effet sur la poursuite des installations solaires aux Etats-Unis.

La situation aux Etats-Unis est actuellement mouvante : il y a le risque de tarifs douaniers ou de quotas dans l'affaire 201; il y a le changement dans le code des impôts; l'avis de proposition de réglementation du FERC... Chaque décision aura un effet sur le marché : un tarif douanier permet toujours de fournir des panneaux importés. Un quota limite la demande, ce qui peut permettre le réveil de la production américaine, mais ceci prendra du temps, avec une normalisation à moyen-long terme. En définitive, toutes ces mesures ne changeront rien : les énergies renouvelables sont l'avenir et le profil de la demande en énergie solaire au cours des cinq à dix prochaines années ne sera pas modifié.

La demande se déplace aux Etats-Unis. Sur les 20 GW qui vont être installés dans les prochaines années, il n'y a plus que 6 GW prévus en Californie, au profit de bien d'autres régions américaines : il n'y a plus un seul marché, mais de multiples régions en forte demande photovoltaïque. Hors des Etats-Unis, le Brésil a un énorme potentiel inexploité. Son climat chaud et humide est adapté aux produits de First Solar. En revanche, le marché chinois lui est presque fermé avec seulement 100 MW vendus en 2017. La société n’a pas vraiment accès à ce marché, le plus grand du monde. La Chine exige un transfert de technologie, alors que First Solar est attentif à conserver son savoir-faire car il est trop précieux. Il n'y a que deux entreprises dans le monde qui ont étudié le CdTe en profondeur. First Solar et GE. GE lui a cédé la propriété intellectuelle de ses brevets il y a quelques années. On va essayer de vendre en Chine sans mettre en péril notre savoir-faire.

PV Magazine du 20 décembre 2017

 

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