L R AS Published on Tuesday 23 May 2017 - n° 192 - Categories:Regard sur le PV

Regard sur le PV n° 192 du 23 mai

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Le Regard sur le PV n° 192 du 23 mai

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LA PLAINTE DE SUNIVA AUPRES DE LA COMMISSION DU COMMERCE INTERNATIONAL JETTE LE TROUBLE CHEZ LES CHINOIS ET LES PROFESSIONNELS AMERICAINS

L'accusation chinoise de mauvaise gestion de Suniva

Essayer de prendre les devants

Une boite de Pandore a été ouverte.

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Le président de SER-Soler appelle de ses vœux la constitution d’un fabricant PV de taille mondiale

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Le photovoltaïque s’impose dans nos vies. Alors autant l’apprivoiser, le connaitre et le maîtriser !

Le PV s’imposera dans les bâtiments à partir de 2020.

En Californie, on cherche à répondre au défi que pose le photovoltaïque

 

Il y a une mauvaise perception du solaire dans l’opinion et les investisseurs. Il faut en prendre conscience

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A NOTER

les textes

LA PLAINTE DE SUNIVA AUPRES DE LA COMMISSION DU COMMERCE INTERNATIONAL JETTE LE TROUBLE CHEZ LES CHINOIS ET LES PROFESSIONNELS AMERICAINS

  Après Suniva, c’est au tour du fabricant de panneaux haut de gamme Ten K Solar d’arrêter sa production sous l’effet de la concurrence chinoise, avant peut-être SolarWorld Americas. Quant à SunPower, ses comptes (sur l’année 2016 ou au 1er trimestre 2017) sont si mauvais qu’on peut s’interroger sur sa pérennité s’il n’était adossé au groupe Total.

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L'accusation chinoise de mauvaise gestion de Suniva

   Ce n’est pas cette succession qui pose problème, mais la plainte de Suniva auprès de la Commission du Commerce International (ITC) pour concurrence déloyale en s’appuyant sur l’article 201. Là, les fabricants chinois s’inquiètent comme s’ils avaient conscience d’être allés trop loin dans la guerre économique, et qu’ils allaient subir en représailles des droits de douane renforcés pour vendre aux Etats-Unis. Le délai pour une décision est long (au moins six mois). L’attente sera éprouvante car nul ne sait ce qui sortira de la décision des autorités américaines. Alors il y a deux réactions dans l’immédiat : premièrement, la volonté de discréditer Suniva et son recours à l’article 201. Il n’y a qu’un seul bon argument qui ne souffre pas trop de critiques : c’est sa faute si Suniva a fait faillite. C’est parce que la société a été mal gérée qu’elle a dû cesser son activité. Bien évidemment, on passe sous silence les prix de dumping que les chinois ont pratiqué pour saper la solvabilité de cette société. Ils oublient de dire que les autorités américaines ont affirmé que les cellules étaient vendues par les chinois à 30 % en dessous de leur coût de fabrication. On oublie de rappeler que si les chinois ont installé une capacité de production représentant 1,3 fois la demande mondiale de panneaux, ce n’est pas pour laisser les outils de production à l’arrêt… Ainsi, les chinois ne sont pas très rassurés car les faits témoignent contre eux, surtout auprès des autorités de Washington qui ne se laissent pas impressionnés par une critique de mauvaise gestion d’une entreprise après une telle action de dumping.

   Comme toujours pour faire masse, les fabricants chinois trouvent des alliés dans la place pour augmenter la rumeur de mauvaise gestion de Suniva. Les installateurs au sein du syndicat photovoltaïque SEIA font bloc pour essayer d’éviter un durcissement des droits de douane qui renchérirait le prix des panneaux étrangers vendus sur le sol américain. C’est que les mesures qui seront prises sont inconnues mais elles paraissent devoir être sévères et menacer les importations chinoises aux Etats-Unis.

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Essayer de prendre les devants

  Secondement, dans cette incertitude, il y a déjà des livraisons accélérées sur le marché américain avec constitution de stocks pour atténuer une période difficile. Seulement les chinois ne savent pas quelles seront les mesures qui seront prises et quel sera l’effet sur les prix des panneaux. De leur coté, les développeurs américains de centrales hésitent à s’engager dans des projets dont on ne maitrise pas une partie substantielle des coûts (entre 30 % et 50 % de l’ensemble). Ceci incite à reporter les études à plus tard, et donc à réduire considérablement les installations sur le sol américain. Certains évaluent dé jà à 60 % la réduction de la demande de panneaux (est-ce pour faire pression sur les autorités qu’un tel chiffre est avancé ?). Ce qui est certain, c’est que si les droits de douane sont renforcés, les fabricants américains seront sollicités et pour cela il faudrait que SolarWorld Americas, premier fabricant outre-Atlantique soit encore productif pour fournir la demande. Sans lui, l’offre de panneaux sera fortement réduite et les prix risquent de grimper fortement, s’ajustant sur les droits de douane. Autre conséquence prévisible, puisque les chinois disposent d’une capacité de production d’une centaine de gigawatts, où seraient écoulés les panneaux non vendus aux Etats-Unis qu’on peut évaluer entre 10 GW et 15 GW  (soit 10 % à 15 % de la capacité mondiale de production) ? Si c’était le cas, les chinois seraient pris à leur propre piège mais il faut plutôt envisager qu’ils continueraient à vendre à perte sur le marché américain pour écouler leur production.

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Une boite de Pandore a été ouverte

   L’administration américaine pourrait aussi profiter de cette plainte pour s’efforcer de limiter l’expansion du photovoltaïque aux Etats Unis, avec des mesures de restriction de l’offre de panneaux. D. Trump mettrait ainsi en pratique ses propos de campagne.

   Ainsi, la plainte de Suniva a ouvert une boite de Pandore d’où peut sortir le pire ! Cette incertitude explique l’inquiétude des chinois face à ce qui pourrait leur arriver en provenance des Etats-Unis.

Tout n’est pas noir, la demande en Chine s’accélère pour quelques semaines

   En revanche, la demande de panneaux commence à gonfler en Chine si on en croit la hausse des prix qui commence à se manifester sur le silicium et les plaquettes. Le mois de mai est quasiment la dernière période pour fournir les panneaux qui doivent être installés avant le 30 juin, date du changement de tarif en Chine. Dès lors, les usines travaillent à pleine capacité. Ceci ne va pas durer. Le second semestre sera marqué par bien peu de commandes chinoises et comme l’an dernier par une baisse des prix car il faut vendre ce qui a été produit. D’où un second semestre inquiétant pour les fabricants.

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Le président de SER-Soler appelle de ses vœux la constitution d’un fabricant PV de taille mondiale

   L’interview du président de SER-Soler à PV Magazine témoigne d’une prise de conscience du danger de laisser le monopole de production de panneaux à la Chine uniquement, car le photovoltaïque est l’avenir de l’économie, et l’énergie du 21ème siècle. C’est trop dangereux politiquement, stratégiquement et économiquement, car c’est laisser l’avenir à la Chine et à l’Asie. Xavier Daval appelle de ses vœux la constitution d’un champion européen capable de rivaliser avec les fabricants chinois de panneaux.

   Cette vision stratégique est judicieuse, mais on se demande comment elle peut se mettre en œuvre quand il y a si peu de déclarations de responsables politiques ou économiques dans ce sens, si peu de décisions européennes pour soutenir une production nationale, si peu de consensus dans la population sur ce sujet. La disparition de SolarWorld Allemagne n’a attiré que des larmes de crocodile et des déclarations hypocrites d’agents économiques satisfaits de la disparition d’un gêneur pour « installer en rond » ! Qui a-t-on vu ou entendu regretter sincèrement cette disparition ? Quel mouvement d’opinion a-t-il souhaité qu’on subventionne ou nationalise cette entreprise ? Qui met en garde les professionnels contre cette disparition et sur ses conséquences économiques ? Ce silence indique que l’opinion européenne est indifférente au sort de SolarWorld. Qu’elle est prête à accepter la domination chinoise sur ce pan entier de l’économie qui dictera notre avenir… Elle est amorphe, sans lucidité et résignée ! Que peut-on faire face à cet état d’esprit qui aspire à la servitude ? Que peut faire le président de SER-Soler ? Quel serait le dirigeant d’entreprise assez fou pour se lancer dans une telle aventure, et pour risquer de subir le sort de SolarWorld, de Q-Cells, de Conergy, de Solon, et de toutes les entreprises qui ont été victimes de la concurrence chinoise ? Sa volonté est louable, mais elle restera un vœu pieux car les structures politiques et la mentalité de la population ne sont pas prêtes à assurer le succès d’une telle opération. Elle restera dans les cartons. Pourtant, elle est souhaitable et même indispensable.

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Le photovoltaïque s’impose dans nos vies. Alors autant l’apprivoiser, le connaitre et le maîtriser !

   Souligner et redire que le solaire est l’avenir ? A quoi bon ! Souligner que le solaire est l’énergie renouvelable où les dépenses en recherche et développement ont le plus d’effet sur la production et sur la baisse des prix ? Affirmer que les investissements dans le solaire en 2017 devraient être supérieurs à ceux cumulés dans le charbon, le nucléaire et le gaz, qui s’en soucie ? Qui en mesure l’importance stratégique de la mutation en cours ? Qui ne voit que le photovoltaïque est un des meilleurs moyens pour combattre le réchauffement climatique ? Qui sait que dès à présent on trouve sur le marché tout le matériel pour installer des panneaux solaires moins chers que le prix du kilowatt-heure en France ? Le photovoltaïque conserve une image de produits de luxe, de procédé pour ingénieurs, d’équipement pour pays exotique, alors que dès à présent en France on peut obtenir une installation à 4.000 € HT en prix public soit la moitié des prix proposés ( Bâtirama fournit les données suivantes : « chez les grossistes spécialisés dans le photovoltaïque, comme Solar Distribution par exemple, pour une commande de 5 palettes, on trouve des offres de prix publics allant de 0,45 €/Wc (panneau Solitek Poly 260 W) à 0,93 €/Wc (panneau Panasonic N330).  Ce dernier compte parmi les meilleurs sur le marché européen aujourd’hui. Côté onduleur, le même grossiste propose le SMA SB3000TL21 (3.200 W, 97 % de rendement) à 960 € HT en prix public unitaire, 910 € pièce pour des livraisons de 5 appareils. Tout cela signifie que pour une installation photovoltaïque de 3 kWc, non-intégrée à la toiture et sans revente, donc sans raccordement au réseau Enedis, la fourniture du matériel panneaux + onduleur + accrochage revient à moins de 4.000 € HT en prix public, soit largement moins de 50 % des prix d’installation pratiqués en France ». Ainsi, le solaire est devenu très bon marché, et le deviendra de plus en plus. Qui s’en soucie ? Qui se charge de faire connaitre la situation actuelle du photovoltaïque ?

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Le PV s’imposera dans les bâtiments à partir de 2020

   On oublie que la législation imposera l’utilisation du photovoltaïque à partir de 2020 dans les tous les bâtiments neufs qui devront être Bepos (bâtiment à énergie positive). Ceci veut dire que les architectes devront avoir recours au solaire pour compenser les pertes énergétiques et pour satisfaire les normes des bâtiments. Outre les panneaux sur les toits (mais ils seront insuffisants pour fournir toute l’énergie nécessaire), il faudra avoir recours aux façades photovoltaïques, aux fenêtres produisant de l’énergie… D’où la façade financée par l’Union Européenne en Lituanie pour examiner comment construire de tels bâtiments, avec quel verre, avec quelle fixation de panneaux sur les façades, de quelle taille, de quelle luminosité. Il est étonnant qu’on chiffre la double façade photovoltaïque à 550 € par m² (prix comparable celui d’une façade en pierre ou en métal) contre 880 € HT/m² pour une façade de verre classique.

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En Californie, on cherche à répondre au défi que pose le photovoltaïque

   Ainsi qu’on le veuille ou non, le photovoltaïque va nous entourer de plus en plus dans les bâtiments neufs mais aussi dans la vie quotidienne. En France et en Europe, ceci parait un univers étranger qui n’arrivera pas, alors qu’en Californie, la préoccupation est intense car déjà 25 % (soit une habitation ou bâtiment sur quatre) n’est plus raccordé au réseau d’une compagnie d’électricité soit par une installation propre, soit en étant raccordé à un fournisseur communautaire, ou soit encore en ayant passé un contrat à long terme de fourniture d’électricité. Cet état de fait oblige les autorités à examiner les conséquences pour les compagnies, pour les particuliers, pour les municipalités… La liste des questions qui se posent est impressionnante (XXXX). Il ne s’agit pas seulement d’envisager comment assurer la survie des compagnies d’électricité ou la protection des usagers face à la pression des compagnies, mais cela touche les différents agents utilisant l’électricité. Les questions peuvent être générales comme : assurer l’approvisionnement fiable et pérenne des compagnies et des usagers; quelle compensation pour les compagnies qui offrent un complément à l’insuffisance d’autoconsommation ? Comment faire payer les services publics ? Si la liste de questions qui se posent est particulièrement longue, les réponses sont complexes à fournir car il faut imaginer une situation future qui peut évoluer en fonction de l’évolution de la technologie ou des pratiques.

   Ce qui est judicieux dans cette démarche, c’est la volonté de regarder l’avenir en face, de chercher des solutions acceptables par tous, et de percevoir les enjeux et les modifications de comportement que l’irruption du photovoltaïque introduit dans la vie de la collectivité. Bien évidemment, il ne s’agit que de réflexions, mais ceci induit une prise de conscience de comportement de chaque agent économique qui perçoit la nécessité du changement à opérer. Il y a un pragmatisme dans ce comportement qui permet d’affronter l’avenir.

 

Il y a une mauvaise perception du solaire dans l’opinion et les investisseurs. Il faut en prendre conscience

   Autre considération dans le même sens, la prise de conscience qu’il y a un hiatus ou un fossé béant entre l’avenir du photovoltaïque, plein de promesses et de perspectives, et la mauvaise perception du secteur par les investisseurs ou par le public qui se méfient de plus en plus des sociétés du secteur. C’est le cas des compagnies d’électricité, des installateurs nationaux de toitures résidentielles et bien sûr des fabricants de panneaux. L’auteur prend l’exemple de SolarCity de SolarEdge, de SunEdison dont les actions ont été malmenées en bourse. Cette comparaison entre l’avenir et le présent incite l’auteur à faire une comparaison avec les compagnies aériennes américaines dont quinze d’entre elles ont fait faillite entre 2001 et 2008. Celles qui ont survécu, ont modifié leur structure de prix et leur communication, ce qui en fait désormais des exemples. D’où pour l’auteur, les entreprises du photovoltaïque devraient modifier leur comportement, leur modèle d’affaires, leur stratégie pour devenir attrayantes pour les investisseurs et surtout pour le public. Celui-ci alors reprendrait confiance en l’avenir du secteur.

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A NOTER

  -  Nomination de Nicolas Hulot au ministère de l’Energie; Michèle Pappalardo est nommée directrice de cabinet.

  -  Batirama explicite concrètement et simplement comment l’autoconsommation ouvre de nouveaux marchés dans de nombreux domaines : la diffusion par les prix, les qualifications pour garantir la qualité de l’installation, les aides financières, l’autoconsommation individuelle et collective…Très pédagogique.

  -  Une autre série d’études est consacrée à l’instauration des façades photovoltaïques.

  -  Engie discute avec l’allemand RWE pour un éventuel rachat de sa filiale Innogy.

  -  En 2016, les énergies renouvelables ont recueilli 11,5 M€ en financement participatif avec sept plates-formes (NDLR c’est en 2017 que l’instauration d’une prime en cas de recours à ce mode de financement va augmenter considérablement ces chiffres).

  -  Faire son propre panneau photovoltaïque avec une imprimante et une encre spéciale, cela devrait devenir possible !

  -  Des cellules beaucoup moins chères que celles au silicium, c’est l’annonce de l’Université de Pennsylvanie

  -  Les fabricants taïwanais sont aussi victimes des producteurs chinois qui leur ont supprimé une partie de leurs commandes. Les comptes trimestriels sont désastreux.

  -  Une centrale solaire flottante de 40 MW en Chine : les surfaces liquides vont être de plus en plus occupées par des centrales PV !

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