L R AS Published on Tuesday 13 September 2016 - n° 159 - Categories:Regard sur le PV

Regard sur le PV n° 159 du 13 septembre

Le sommaire
 
A PROPOS DES ANNONCES DES AUGMENTATIONS ET DES INSTALLATIONS DE CAPACITÉ DE PRODUCTION
La moitié de annonces d'augmentation de capacité seulement sont concrétisées
En trente mois, il y a eu moins d'installations de fabrication de cellules que de panneaux, mais la crise actuelle a commencé par les cellules !
On ne sait vraiment pas quelle est la capacité de panneaux installée dans le monde !
Est-ce que la forte baisse des prix de cette semaine annonce la fin de la crise ?
L'Inde prend pour la  première fois, ce semestre, la 1ère place mondiale des équipements

LE TRANSFERT D'UNE BATTERIE D'UN VÉHICULE VERS UNE INSTALLATION FIXE EST COMPLEXE
Il faut évaluer la batterie, la regrouper par qualité.
A quel prix les vendra-t-on ?
Comment se déterminera l'acheteur ?

EST-CE QUE L'AVENIR RÉSIDE DANS LES TOITS RÉSIDENTIELS OU DANS LES CENTRALES  PV ?
L'autonomie acquise par consommateur avec sa production énergétique parait attrayante
Est-ce que la paresse des consommateurs ne les entrainera-t-elle pas vers le réseau ?
Selon la réponse, le stockage aura un avenir différents

La plus ancienne centrale d'Europe (1 MW en Espagne) a été arrêtée après 22 ans de bons et loyaux services

 

Le texte
A PROPOS DES ANNONCES DES AUGMENTATIONS ET DES INSTALLATIONS DE CAPACITÉ DE PRODUCTION
La moitié de annonces d'augmentation de capacité seulement sont concrétisées
 Le travail effectué par PV Tech apporte un éclairage particulier sur le fonctionnement des industriels du photovoltaïque. Le décalage entre les annonces et les réalisations d'augmentation de capacité mérite d'être souligné. Seulement la moitié des annonces sont suivies d'effet quelque soit la période considérée. Pourquoi ? Pourquoi y a-t-il des proclamations sans que les dirigeants ne se soient assurés de la faisabilité d'un projet ? Est-ce parce que l'annonce donne une impression de bonne santé du fabricant aux clients ce qui stimulerait les ventes en retour ? Est-ce parce que les producteurs se heurtent à différents obstacles qui remettent en cause les augmentations annoncées... ? Sans interrogation plus avant des dirigeants concernés, on n'aura pas de réponse précise. Seule précaution à prendre, lorsque des annonces seront faites, il faudra les relativiser de moitié. Les craintes de surcapacité ont arrêté les plans d'augmentation de capacité de production


En trente mois, il y a eu moins d'installations de fabrication de cellules que de panneaux, mais la crise actuelle a commencé par les cellules !
  Une autre curiosité apparait dans le tableau de l'article Quelle est la capacité de production de panneaux dans le monde en 2016 ? : il y a eu sur chaque période beaucoup moins d'installations de fabrication de cellules que d'installation de production de panneaux ! Elles ne représentent que 45 % des installations de panneaux en 2014, 71 % en 2015 et 94 % au premier semestre 2016. Pourtant, dans les deux cas, on parle de gigawatts installés et il faut des cellules pour fabriquer des panneaux ! Y avait-t-il auparavant un excédent d'équipement en cellules au cours des années 2012 et 2013 pour qu'il y ait une correction significative dans le taux d'installation de 2014 ? ce qui s'expliquerait par le rattrapage partiel en 2015, puis presque complet en 2016 où il y a presque équilibre ! Faut-il croire que le déséquilibre était resté encore élevé à fin juin 2016 ? En considérant que la baisse des prix dans la filière s'est produite principalement chez les fabricants de cellules, faut-il estimer qu'une surproduction s'était maintenue sur les années 2014 et 2015 et que le "maillon faible" ait cédé lors de la surproduction apparue mi-2016 ?

On ne sait vraiment pas quelle est la capacité de panneaux installée dans le monde !
  Si un calcul précis a cherché à être établi sur les installations réalisées depuis trente mois, on part d'une base floue qui se caractérise par un écart de 10 GW (43 à 53 GW), soit près d'un quart ! Dès lors, il est difficile de percevoir comment va évoluer le marché. Lorsque la demande est de 70 GW seulement, ce n'est pas la même chose d'avoir une capacité de production de 80 GW, ou une capacité de 90 GW. Dans le premier cas, on peut, plutôt facilement, mettre en sommeil certaines lignes de production. Si c'est 90 GW, soit près de 30 % supplémentaires, la purge sur le marché sera sévère car de très nombreuses entreprises seront touchées : on a déjà une indication avec le recul du chiffre d'affaires d'août 2016 sur août 2015 de plus de 50 % chez les producteurs taïwanais GET, Gintech, Motech et Neo Solar,... Selon le quotidien taïwanais United Daily News, certains fabricants doivent réduire l'utilisation de leurs capacités de production à 30 %. Alors, les pertes grimpent vite et les entreprises fragiles financièrement ne pourront pas survivre longtemps. Comme le dicton le dit, "en période de crise, les gros maigrissent et les maigres disparaissent" ! Les effets de la crise sur certains fabricants taïwanais


Est-ce que la forte baisse des prix de cette semaine annonce la fin de la crise ?
  Les fabricants ne peuvent que s'inquiéter fortement lorsque ces jours-ci, d'une semaine sur l'autre, le cours des plaquettes perd 5 à 6 % et que celui des cellules diminue de près de 4 %. Or ce recul intervient après plusieurs mois de décrue des prix. Est-ce, comme en bourse, un effondrement qui indique qu'on est près de la fin de la baisse ? Difficile à dire car on n'entend pas parler de faillite de producteurs, à moins que ce recul corresponde à des liquidations de stocks avant l'annonce des faillites. Ces ventes sur le marché seraient-elles l'acte désespéré pour retarder l'échéance de l'annonce ? Les prix du 7/9

  L'annonce de faillites ne peut qu'intervenir rapidement car les propos autorisés (ceux du PDG de Trina Solar, de Deutsche Bank,...) envisagent une surproduction pendant encore neuf mois (jusqu'à mi-2017). De quoi décourager les dirigeants confrontés avec les très grandes difficultés actuelles et leur couper l'envie de tenir plus longtemps... Pourtant, les crises les plus intenses comme celle que la profession traverse actuellement, sont généralement les plus courtes. Au milieu de la période défavorable, on croit qu'elle durera longtemps...

L'Inde prend pour la  première fois, ce semestre, la 1ère place mondiale des équipements
  Le dernier point significatif de ces statistiques, c'est l'érosion des investissements chinois en Chine. Sur les 47,5 GW annoncés pendant le semestre, la Chine en revendique 13,1 GW, soit 28 % du total. Pour la première fois, l'Inde prend la tête avec 15,3 GW annoncés, soit 32 % du total. Si on localise 2,3 GW à Taïwan soit 5 %, il reste un tiers des annonces venant d'autres pays, probablement du sud-est asiatique et probablement provenant de donneurs d'ordres chinois. Ainsi, une répartition en trois tiers commence à émerger : Inde, Chine, Asie. De quoi annoncer une montée en puissance de l'industrie photovoltaïque indienne qui s'équipe de matériel neuf, donc performant, et qui deviendra bien vite un concurrent sérieux.

LE TRANSFERT D'UNE BATTERIE D'UN VÉHICULE VERS UNE INSTALLATION FIXE EST COMPLEXE
Il faut évaluer la batterie, les regrouper par qualité.
   On croyait que le transfert d'une batterie usagée de véhicules électriques vers une application stationnaire était simple. Qu'il suffisait de la poser dans un garage pour profiter de sa capacité de stockage ! L'étude de Green Tech Media indique que ce transfert requiert bien d'autres manipulations : tout d'abord il faut évaluer les batteries usagées pour déterminer leurs faiblesses et leurs qualités, que ce soit dans l'enveloppe extérieure, les modules et des cellules. Il faut ensuite les réunir par degré d'usure ou de potentiel, mais aussi de fabrication car les modalités de gestion des batteries peuvent être bien différentes d'une unité à l'autre. Ceci demande un travail complexe, exigeant du matériel de test et aussi une connaissance intime de la façon dont la batterie a été fabriquée... Il faut réunir les batteries ayant à peu près les mêmes caractéristiques pour constituer un lot de batteries homogènes.
   Il ne faut pas oublier la sécurité des batteries car même si elles ne sont plus soumises à des vibrations ou à une intensité de demandes, elles doivent rester avec des systèmes de surveillance d'incendie. Quelles sont les questions qui se posent pour transformer une batterie de véhicule en batterie stationnaire ? .

A quel prix les vendra-t-on ?
   Lorsque les batteries issues de véhicules électriques auront été préparées, réparties en lots homogènes, il faudra leur donner un prix. Bien sûr, il y aura la comparaison avec le prix du neuf qui diminue rapidement. Il y aura aussi la comparaison entre les capacités des anciennes batteries et les nouvelles qui ont une puissance bien supérieure et une technologie plus évoluée. Enfin, il y aura aussi à organiser la mise à disposition de ces batteries au profit du public (d'où un nouveau métier celui d'évaluateur de batteries) avec des professionnels distributeurs et installateurs.

 Comment se déterminera l'acheteur ?
   Reste enfin le choix effectué par le client : préfèrera-t-il des batteries déjà usagées dont on ne connait pas vraiment la tenue dans le temps ou la sécurité, ou choisira-t-il des batteries neuves ? Quel sera l'écart de prix qui conviendra pour orienter le choix vers la batterie de seconde main ? Est-ce que ce prix sera suffisant pour rémunérer le travail amont de préparation et de reconditionnement de la batterie pour sa seconde vie ?
  Le stockage stationnaire peut bien utiliser des batteries de moindre qualité, il faut encore que tout le monde s'y retrouve ! Reste que le volume disponible des batteries de véhicules électriques est encore faible. On a donc le temps de percevoir si ces différents points peuvent facilement être surmontés !

EST-CE QUE L'AVENIR RÉSIDE DANS LES TOITS RÉSIDENTIELS OU DANS LES CENTRALES  PV ?
  L'idée de Frost & Sullivan selon laquelle les toits résidentiels ou commerciaux seront largement majoritaires dans les installations photovoltaïques au cours de ces dix prochaines années mérite d'être analysée, d'autant qu'il évalue le marché de cette période à 42 milliards de dollars. Ces jours-ci, Edisun Microgrids (Présentation d 'un suiveur résidentiel par Edisun Microgrids) présente des suiveurs solaires à deux axes pour toits commerciaux. Ceux-ci fournissent bien sûr 20 % d'énergie en plus (comme pour les centrales) et surtout élargissent la période de production d'énergie.

L'autonomie acquise par consommateur avec sa production énergétique parait attrayante
  Cette opinion est respectable, mais elle rentre dans le débat :"comment va évoluer le monde de l'énergie d'ici dix ans". Il y a ceux qui estiment que les particuliers ou les entreprises vont s'équiper, devenant progressivement indépendants du réseau; qu'ils vont modifier leur comportement de consommation d'énergie avec des appareils de gestion de la ressource d'énergie, comme celui de Comwatt qui sélectionne les machines domestiques à faire fonctionner selon la production en cours d'électricité. Si ce matériel permet d'atteindre 50 % d'autonomie, l'installation d'un suiveur augmentera l'indépendance énergétique du producteur. De plus, les progrès dans la productivité des panneaux permet d'envisager de se rapprocher de 100 % et donc de pouvoir avoir les moyens d'être de plus en plus autonome...  Cette alternative exige du propriétaire des initiatives, des investissements et des modifications de son comportement quotidien pour éviter de dépasser la totalité de la production. Il ne faut pas oublier que les saisons différentes modifient les besoins. Il y a un grand besoin d'énergie l'hiver lorsque la production photovoltaïque est faible... L'autonomie n'est donc pas si évidente à atteindre. En revanche, elle fait porte un coup sérieux aux compagnies d'électricité.

Est-ce que la paresse des consommateurs ne les entrainera-t-elle pas vers le réseau ?
   A l'inverse, les compagnies d'électricité misent sur une organisation différente du réseau actuel où les usagers deviennent des partenaires. Ceux-ci peuvent obtenir une électricité solaire très bon marché provenant des centrales photovoltaïques; ils n'ont pas le souci de faire fonctionner l'installation solaire, ni même de calculer s'ils ont trop dépensé d'énergie... Cette alternative s'adresse à tous les habitants qui ne peuvent pas disposer de panneaux solaires sur leurs toits, qui n'ont pas les moyens de financer l'investissement élevé d'origine, qui estiment plus commode de ne pas s'occuper de s'approvisionner en énergie. De plus, d'ici quelques années, les compagnies auront effectué leur mutation technologique, commerciale et marketing pour être concurrentielles par rapport à une offre individualisée.
   L'évolution future est encore ouverte. Pour le moment, les uns ou les autres défendent une opinion affirmée et respectable. Si une tendance devait se dégager, c'est la socialisation qui dominera puisqu'elle est à l'oeuvre depuis plusieurs siècles. Revenir à l'individualité tentera un certaine fraction d'habitants, mais ils seront loin d'être majoritaires.Présentation d 'un suiveur résidentiel par Edisun Microgrids .

Selon la réponse, le stockage aura un avenir différent
  Cette réflexion peut être élargie aux systèmes de stockage. Tous les fabricants de batteries proposent au salon Solar Power International de Las Vegas qui a lieu cette semaine, des solutions de stockage qui intègrent les dernières connaissances actuelles. Il y a un nouveau marché et chacun veut être présent pour participer à un gâteau qui parait énorme. Est-ce si sûr ? Les compagnies d'électricité se réorganisent pour absorber l'énergie renouvelable solaire et éolienne à travers de gros réservoirs de stockage. Lorsque les compagnies seront équipées, il n'y aura plus qu'un marché de renouvellement. Si les particuliers ou les sociétés s'équipent et veulent devenir autonomes, il y a un marché, mais actuellement le prix du stockage est très élevé et n'est pas rentable sauf pour éviter les pics de tarifs si onéreux aux Etats-Unis... Alors quel marché du stockage ? Quand deviendra-t-il significatif ? Selon Green Tech Media, le volume installé augmentera de 24 % en 2016 par rapport à 2015. Pas de quoi être euphorique pour le moment. Si le marché est multiplié par sept d'ici 2021 (à 2,1 GW) en 2021 comme il l'envisage, l'augmentation est déjà plus conséquente, mais quel sera à ce moment le chiffre d'affaires de la profession et son évolution en dollars ? ll faut compter avec une forte baisse des prix... En définitive, faut-il affirmer que le stockage aura un avenir brillant ?

 A noter  La plus ancienne centrale d'Europe (1 MW en Espagne) a été arrêtée après 22 ans de bons et loyaux services, après une baisse de 37 % (seulement) de sa puissance effective de sortie. Comme d'énormes progrès ont été réalisés dans la qualité du silicium, de l'assemblage des cellules, et du taux de conversion, on peut estimer que les 22 ans sont dépassés par les générations récentes de centrales et que le taux de déperdition de l'énergie sera moindre que ces 37 %. Ceci conduit à revaloriser la durée et la production des panneaux actuels, et donc le prix des centrales.

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