L R AS Published on Sunday 29 May 2016 - n° 149 - Categories:Regard sur le PV

L'appel d'offres sur l'autoconsommation : des questions sur la volonté réelle du gouvernement

   Lors du premier colloque sur l'autoconsommation photovoltaïque du syndicat professionnel Enerplan, la directrice générale de l’Énergie au Ministère de l’Écologie a annoncé le lancement d'un appel d'offres dédié à l'autoconsommation. Il cible les sites industriels tertiaires et agricoles. Il porte sur un volume de 50 MW dont 10 MW réservé à la Corse et à l'Outre-Mer.

   Les projets entre 100 kW et 500 kW bénéficieront d'une "valorisation financière supplémentaire de l'électricité auto-consommée" Le détail du calcul de cette valorisation  visait à éviter une consommation excessive.
 Le cahier des charges de l'appel d'offres sera publié avant l'été
 La directrice générale a indiqué que la loi sur la transition énergétique indique que le consommateur devient consomm'acteur et qu'il va prendre en main  sa consommation mais aussi sa production
   Les contrats passés avec ERDF pour pouvoir injecter les surplus dans le réseau ont été au nombre de 1.600 en 2015 et presque autant que depuis le début de l'année. Ceci se compare au nombre de 4.900 contrats signé au 9 mai 2016 qui concernent surtout les petites installations de moins de 3 kW. Ainsi, le nombre de raccordement dans le but de l'auto-consommation devrait encore doubler cette année. Ceci est à comparer avec l'Allemagne où environ 2,3 % de  la consommation totale d'électricité provient de l'autoconsommation
L'Usine Nouvelle du 25 mai


NDLR Cette annonce laisse une impression bizarre car tout le monde s'extasie de cette annonce comme si on voulait adresser au ministre de l’Écologie un témoignage de félicitation. Les uns saluent la confirmation du lancement de l'appel d'offres; d'autres se congratulent; les troisièmes considèrent cela comme une avancée...
  Qu'y a t-il eu ? Un mot de la Ministre qui annonce qu'elle "souhaite accompagner et accélérer le mouvement" (comment peut-on accompagner une demande proche de zéro ?). Ses propos veulent dire que la ministre va limiter le développement de l'autoconsommation, le freiner autant qu'elle le peut avec un appel d'offres réduit, et éviter de pénaliser EDF, le ministre bis de l’Énergie en France. L'appel d'offres est "ciblé sur les centres commerciaux et les grands bâtiments tertiaires". Les habitations résidentielles attendront. Les grands industriels aussi. Autant dire que le gouvernement souhaite que la France prenne encore du retard dans le domaine de l'autoconsommation par rapport aux autres pays où l'on n'attend pas que le ministre "accompagne" le mouvement. Quand aux phrases sibyllines du genre "le but est de réaliser un subtil équilibre entre une pertinente valorisation des kW produits sans pour autant stimuler une consommation excessive". "La ministre qui souhaite accompagner et accélérer le mouvement" (de quel mouvement parle-t-elle car il y a eu freinage de l'autoconsommation jusqu'à présent !). "Donner un coup d'accélérateur supplémentaire à une dynamique déjà en marche" (de quelle dynamique parle-t-elle puisqu'on est au point zéro ?). "A l'heure de la rédaction de l'appel d'offres, le ministère se met à la disposition des professionnels de la filière pour recevoir idées, propositions et suggestions sur la façon d'aller encore plus loin pour atteindre les objectifs fixés" : est-ce que ceci veut signifier que le ministère n'a pas encore décidé ce qu'il y aura dans l'appel d'offres ? De là à ce qu'il y ait du retard, c'est presque certain.
  Où se trouve la "Liberté" d'utiliser l'énergie comme chacun pourrait le souhaiter ? Comment peut-on faire confiance à une ministre qui se trompe dans les résultats des appels d'offres ? ou qui se fait épingler par la Commission de Régulation de l’Énergie pour "arrangements" des résultats d'un appel d'offres ? Comment peut-on accepter que la France prenne encore du retard par des mesures discrétionnaires décidées par la ministre qui, probablement, trouvera un moyen d'entraver le développement de l'autoconsommation pour éviter à EDF de perdre de la consommation d'électricité et, si "le mouvement" se développait, des clients ? Quand donc les professionnels, au lieu de s'extasier devant une ministre, défendront les intérêts de leur propre profession ? Qui peut le faire à leur place ? Quand verront-ils que leurs intérêts ne coïncident pas avec ceux du gouvernement, lequel est influencé par le lobby nucléaire ? De Gaulle avait été plus direct. Il avait dit : "je vous ai compris" !
  Cette affaire laisse un goût désagréable, comme une occasion manquée de lancer la France dans l'avenir, et de mettre en place ce qui va s'imposer dans les autres pays et qui sera freiné chez nous...

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