L R AS Published on Saturday 3 December 2016 - n° 171 - Categories:onduleurs/micro-ondul, stratégie industrielle

Comparaison de stratégies entre Enphase Energy et SolarEdge

   L'avenir parait radieux pour Enphase Energy et SolarEdge qui utilisent une électronique de plus en plus petite et de plus en plus puissante, alors que les onduleurs traditionnels sont limités par leurs coûts fixes. Pourtant, leurs cours de bourse a chuté fortement. La règlementation américaine pousse dans leur direction car la sécurité en cas d'incendie est meilleure qu'avec de gros onduleurs.

  Enphase est dans sa dixième année d'existence. Il est le principal acteur du marché des micro-onduleurs, alors que SolarEdge offre une technologie concurrente en reliant les panneaux à un onduleur en chaine. En 2015, les deux sociétés contrôlaient 95 % du marché de l'électronique de puissance.

  Sur le marché résidentiel américain, SolarEdge détenait une part de marché de 31 % contre 24 % pour Enphase Energy au second trimestre 2016, soit 56 % à eux deux.

   Ces deux sociétés font face à une concurrence grandissante. La baisse du prix des panneaux (- 34 % depuis la fin du 1er semestre) oblige les développeurs et installateurs à se battre pour réduire les coûts et à éliminer les dépenses inutiles. Les onduleurs n'échappent à cette révision. Les principaux concurrents sont des groupes tels qu'ABB, SMA, Fronius... De plus d'autres entreprises se sont lancées sur le marché, comme le chinois Huawei qui commercialisera en 2017 un optimiseur pour courant discontinu avec un onduleur en chaine. C'est que l'électronique au niveau du panneau est de plus en plus une voie à suivre car il offre davantage de fonctionnalités et de surveillance que les onduleurs string (en chaine).

 

   Enphase Energy veut éviter la stratégie de baisse des coûts. La société a choisi d'augmenter les fonctionnalités tout en réduisant les coûts. Le but est que les clients économisent de l'argent avec le choix de leur matériel. Les très gros installateurs nationaux ne regardent que les coûts, alors que les installateurs de second rang ou de troisième rang, régionaux et locaux, recherchent des relations à long terme avec leurs clients. Ces derniers veulent une haute puissance, une grande efficacité et une excellente qualité. Ceci correspond avec la politique commerciale d'Enphase qui estime que ce marché croitra plus vite que celui du bas prix. Un nouvel micro-onduleur, le IQ6, sera lancé au 1er trimestre 2017 : son coût de production et son poids sont moindres; il diminue le temps d'installation sur le toit.

   Enphase Energy commercialise des matériels de stockage de l'énergie qui sont vendus en Australie et Nouvelle Zélande, et qui le seront aux Etats-Unis début 2017. Il a lancé un micro-onduleur pour le segment commercial, mais ce segment n'est pas au cœur de sa stratégie, même s'il profite des investissements effectués pour le segment résidentiel qui représente 85 % de l'activité de l'entreprise.

   La société, tout comme SolarEdge, pourraient profiter de la nouvelle législation en Californie qui exige un arrêt rapide du circuit électrique en cas de danger. Ces sociétés ne peuvent qu'être favorisées, car les onduleurs traditionnels ont besoin d'un boitier supplémentaire. Enphase croit que les micro-onduleurs seront la technologie dominante d'ici dix ans, et que, d'ici deux ans, elle sera proche non seulement des onduleurs en chaine. Il envisage une intégration complète des micro-onduleurs aux panneaux.

.

   Solar Edge estime que les turbulences actuelles du marché ne sont pas une menace pour elle car elle a obtenu 200 M$ lors de sa récente introduction en bourse, car elle est rentable, et surtout du fait de la diversification des clients, elle est présente sur le marché résidentiel et commercial, ainsi que géographiquement (Etats-Unis, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique), avec des bureaux dans 13 pays et des ventes dans près d'une centaine. Ceci permet de ne pas dépendre d'un seul marché. La société a misé sur l'innovation qui a permis de créer des onduleurs capables de stocker et de traverser une période de coupure d'électricité. Le matériel peut aussi gérer de façon intelligente l'énergie disponible afin de maximiser l'autoconsommation en déplaçant l'énergie tout au long de la journée, et ceci sans compter les améliorations de rendement, de taille, de poids... L'optimiseur permet le contrôle et l'arrêt du circuit électrique au niveau du panneau. Cette tendance conduit les onduleurs à devenir une partie du réseau. Ils vont devenir de plus en plus intelligents, évitant la banalisation qui a touché les panneaux. Ils ne seront pas interchangeables car ils utilisent des serveurs différents et différentes API pour lire leurs données. Les produits de SolarEdge sont fournis avec 25 ans de surveillance et de service dans les nuages. Ceci devrait limiter le désir des acheteurs d'aller chercher des produits moins chers. Malgré ces perspectives séduisantes, le cours des actions SolarEdge a baissé de moitié sur son point culminant de l'année.

.

    Il est possible que les deux sociétés survivent à la conjoncture actuelle et sachent limiter la venue des nouveaux entrants. Chaque société critique le produit du voisin : SolarEdge estime que la pose d'un micro-onduleur sur chaque panneau réduit la production globale et augmente les prix, ce qui expliquerait qu'Enphase ne soit pas ou peu sur le segment commercial. A l'inverse, Enphase affirme que les micro-onduleurs peuvent utiliser les avantages de la microélectronique ce que ne peut pas faire les onduleurs en chaine qui supportent des coûts fixes ainsi que des câbles plus conséquents pour dissiper la chaleur. Les produits de l'américain peuvent utiliser le refroidissement passif car ceci ne concerne que quelques watts alors que les produits de l’israélien doivent éliminer des centaines de watts de chaleur. Autre critique, les micro-onduleurs sont placés sur les toits alors que les produits de son concurrent sont placés dans des endroits plus confortables comme un abri, un garage... Selon SolarEdge, les produits d'Enphase ajoutent des coûts et de la complexité en multipliant des connexions électriques de courant alternatif à chaque panneau, le tout pour atteindre un seul point de convergence. Enphase réplique en indiquant que le produit du confrère ajoute les coûts et la complexité en divisant la conversion de l'énergie sur deux périphériques ce qui ajoute le pourcentage d'échec de l'onduleur de chaine au manque de fiabilité de l'optimiseur !

   Les observateurs extérieurs confondent les deux technologies entre elles. Chacune a une logique propre. Le marché déterminera les gagnants.

Green Tech Media du 30 novembre 2016

Subscribe to the newsletter "Le Fil de l'Actu"...

Most read articles in the last 10 days

Most read articles in the last month